Ce n’est pas moins de 300 personnes qui se sont déplacées vendredi à Do Néva pour participer à la première édition de « La nuit des chorales », organisée par l’association de réhabilitation du patrimoine de Do Néva (ARP-DN) et célébrer en toute fraternité la fête de la Musique. La magie des voix s’est opérée dès l’entame du concert, avec la chorale des enfants de Baganda. L’enchantement a même conduit les moins mélomanes, restés à l’extérieur, à s’installer discrètement. Il en sera ainsi tout au long de la soirée. Huit formations de consistoires de la Grande Terre se sont ainsi succédé deux heures durant : Chorales de Baganda, du Vieux Temple (Nouméa), de Tiabet, de Goyetta, de Waraï, de Boréaré, de Koné et de Païta (Kaala-Gomen). Certaines issues de l’église évangélique, d’autres de l’église libre. Ces rencontres œcuméniques ont confirmé que l’art du chant rassemble quand il est de qualité. « Les chorales religieuses ne sont pas simplement des regroupements de personnes qui « chantent pour chanter », ce sont de véritables chœurs polyphoniques qui partagent et expriment leur foi pour porter des messages. La spiritualité qui les anime, c’est ce qui provoque ce soir autant d’émotion et de respect », a déclaré Thomas Carlen, président de l’ARP-DN.
Compositions. Chantés en langue vernaculaire, ces chants religieux font pleinement partie du patrimoine de la culture kanak. Très construits, précis dans leurs mélodies, ces chants doivent susciter réflexion, engagement et rencontre. « On répète toutes les semaines », explique Hélène, 16 ans, choriste dans le groupe des enfants de Baganda. « Notre maître de chant nous propose ses compositions, il place nos voix et on chante en suivant la mesure. Tour à tour, il nous confie la responsabilité de diriger la mesure. Il nous interpelle aussi sur les messages des paroles et sur notre foi. Nous sommes 17 dans le groupe, nous chantons depuis l’école primaire. On partage notre passion, on apprend à se connaître, à se respecter, on se retrouve toujours avec plaisir. Le fait de chanter en public nous permet aussi d’être moins timides. En plus, on voyage un peu, cette année nous sommes allés à Lifou.»
Plaisir. Car la chorale, c’est aussi une aventure humaine : souvent mixte, même si les voix masculines sont peu nombreuses, seul, en couple, avec ses enfants, jeunes, âgés… pas besoin d’être « The Voice ». C’est le plaisir de chanter ensemble qui prime. Ce vendredi, la sincérité des interprétations, le naturel et la qualité des arrangements ont ravi le public au point que les yeux s’embuent de larmes dans l’auditoire. « Merci à tous pour cette soirée, c’est un honneur pour Waa Wi Luu de vous avoir entendu dans la Vieille école et chanter dans toutes ces langues. J’ai été élève ici même, à Do Néva, dans ce lieu, le chant faisait partie de notre vie », conclura très ému le diacre, Gilbert Kaparin, aujourd’hui octogénaire. En effet, ce ne sont pas les éclairages extérieurs qui ont rendu une âme, ce soir-là, à cette bâtisse qui aura vu en son temps naître les premiers chants religieux, les « Do », mais bel et bien la « lumière » des voix, les messages d’espoir portés par l’harmonie des chœurs. Une énergie positive, communicative, renouvelable et complètement gratuite !
« Les valeurs de l’évangile, les messagers de l’avenir »
Pour le pasteur Loqa Caiko, de la paroisse du Vieux Temple, à Nouméa, « le chant est un moyen d’expression dans toute culture, la voix libère. La plupart des paroisses ont leur chorale dirigée par un « maître de chorale », une personne volontaire qui a véritablement un don. Elle crée une mélodie, place ensuite les notes de la gamme en fonction des types de voix et elle termine par l’écriture des paroles en fonction des événements auxquels le groupe doit participer. Ces dernières collent à l’esprit de la foi et à la vie quotidienne, elles s’inspirent de l’actualité et « habitent » ses interprètes. Cela permet de véhiculer les valeurs de l’évangile par un moyen simple et naturel que constitue le chant, mais cette pratique se perd. Le chant choral est un art que les jeunes doivent s’approprier pour le perpétuer car sa véritable richesse, c’est ce qu’il répand surtout dans le contexte actuel. Ce sont eux les messagers de l’avenir. »
A noter : « Festival des chants et chorales ou Méré à Nékö, paroles vers les cieux », sur ce même site du 18 au 20 octobre 2013. Renseignements ARP-DN : 42 52 90 ou 89 46 41.
Article publié dans Les Nouvelles Calédoniennes, le 24 juin 2013
Tres beau article.